Festival de Cannes 2022 La double vie d'une femme coréenne s'émerveiller du monde et regarder en face son petit-fils, auteur d'un viol. Mais la dernière chose que l'on puisse reprocher à Lee Chang-dong, 56 ans, écrivain qui fut ministre de la culture de la Corée du Sud, c'est justement cela. Voilà un homme qui s'intéresse en priorité aux gens "particuliers", à ces anonymes aux physiques ingrats, à ces personnes qui nous repoussent plus qu'à celles qui nous attirent, à tous ceux et celles qui n'appellent pas d'identification immédiate. Le cinéaste l'a prouvé, dans le passé, avec des films admirables comme Oasis 2002, évocation d'un amour fou entre un délinquant simple d'esprit et une jeune fille handicapée par une paralysie cérébrale ou Secret Sunshine 2007, calvaire d'une veuve dont le fils est kidnappé et assassiné. Lee Chang-dong est un cinéaste qui traque des réalités dérangeantes, triviales, qui retourne le gant d'un réel illusoire pour exhumer la beauté de là où on n'a pas coutume d'aller la chercher. Présenté en compétition à Cannes, mercredi 19 mai, Poetry est un film audacieux. Qu'il faut regarder des deux yeux. Un œil sur le pire de l'humanité, et l'autre sur le meilleur. D'un œil, cette attachante Mija, une grand-mère qui élève son petit-fils, avec lequel elle adore jouer au badminton, et qui, par ailleurs, s'enfonce dans la maladie d'Alzheimer tout en suivant des cours de poésie, apprenant à regarder le monde autrement, de façon aérienne, en flânant. Ce que voit l'autre œil est tout sauf poétique. Une collégienne s'est suicidée en se jetant d'un pont. Son journal intime révèle qu'elle a commis cet acte parce qu'elle était violée depuis des mois par six camarades d'école, dont le petit-fils de Mija, cet adolescent maussade qui ne pense qu'à bâfrer devant la télévision, à surfer sur Internet, à se faire payer un nouveau téléphone portable. Pas si folle que ça Mija a un pied dans son imaginaire et un autre dans le sordide. Elle apprend à regarder une pomme, et on lui révèle que son petit-fils est impliqué dans les viols. Elle assiste aux réunions des pères des jeunes criminels, qui ont décidé de dédommager la mère de la suicidée. On propose à cette dernière 30 millions de wons 21 000 euros pour la convaincre de ne pas porter plainte, avec la complicité du directeur du collège. Mija doit participer, et trouver 5 millions de wons. Elle a l'air un peu dérangée, mais elle n'est pas si folle que ça. Mija n'a pas les moyens de payer, elle est femme de ménage chez un riche vieillard hémiplégique qui fait sous lui et qu'elle savonne dans sa baignoire. Mija perd peut-être la mémoire, mais pas sa lucidité ni sons sens moral. Lee Chang-dong nous propose de regarder la fin avec un troisième œil. Il donne des indices et nous laisse déchiffrer le mystère de cette femme que sa conscience trouble, qui a le sens de la justice, comme elle a le sens de la charité. Ces indices sont les suivants la rencontre, au club des amis de la poésie, d'un flic aux blagues salaces ; la compassion éprouvée pour la mère de la jeune fille défunte ; l'acte sexuel prodigué au vieil hémiplégique qui a envie une dernière fois de se sentir un homme avant de mourir ; une double crise de larmes, d'abord sous sa douche, puis devant le restaurant où elle a croisé le policier ; la soirée passée avec son petit-fils, qu'elle récure, rend présentable, prétendant le préparer à la visite de sa mère. Cette vieille femme agit avant de se perdre dans l'admiration des fleurs, les rimes sensuelles, l'appréhension aérienne des choses. Ce que lui a enseigné la poésie est un sens de la vérité. La passion désespérée de la pureté induit l'expiation des fautes. C'est ainsi que Mija échappe à la mièvrerie. Grâce aussi à l'actrice Yun Jung-hee, que nous ajouterons à nos favorites du prix d'interprétation féminine, après Juliette Binoche Copie conforme, d'Abbas Kiarostami et Lesley Manville Another Year, de Mike Leigh. Film coréen de Lee Chang-dong avec Yun Jung-hee, Lee David, Kim Hira. 2 h 19. Jean-Luc Douin Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Découvrir les offres multicomptes Parce qu’une autre personne ou vous est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil. Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois ordinateur, téléphone ou tablette. Comment ne plus voir ce message ? En cliquant sur » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte. Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ? Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte. Y a-t-il d’autres limites ? Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents. Vous ignorez qui est l’autre personne ? Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.
Sila vie a un sens, pour certains elle est à sens unique et pour d'autres à sens giratoire. Une seule direction ou alors tourner en rond, un avenir incertain où la vie perd son sens comme si vous étiez à contre sens Tel est votre destin d'en suivre ce chemin et de lui donner un sens. DESCREA. 54
Méditation et poésie font généralement bon ménage. Beaucoup de maîtres en méditation utilisent la poésie ou plus généralement le langage imagé de la métaphore pour enseigner la y a aussi les poètes, qui souvent ne connaissent pas la méditation, mais dont la poésie est une méditation permanente et me suis d’abord amusé à citer quelques exemples, où la poésie excelle au service de la méditation pour en délivrer certains dans une deuxième partie, je me suis essayé moi-même à ce délicat exercice d’une poésie choisis de poésie méditative Toutes choses finissent dans le Tao comme les rivières se jettent dans la mer. » Lao-tseu Tao tö king 32 Prends conscience que toutes les barques sont vides, quand tu traverses la rivière du monde, et rien ne pourra t’offenser. » Tchouang-tseu L’éternelle sagesse du Tao » traduction Stephen Mitchell Impossible d’enfiler le fil dans l’aiguille, je contemple le ciel bleu. » Sur le rivage regardant en arrière pas la moindre trace de mes pas. » Hosaï Sous le ciel immense sans chapeau » haïku Je retourne seul dans les montagnes froides, où nul ne parle de l’unité de toute chose. Je cherche la rivière sans origine, qui coule même lorsque la source est épuisée. » Han Shan Le chemin de Montagne Froide » Les oiseaux ont disparu dans le ciel, le dernier nuage s’est évanoui. Nous sommes assis ensemble, la montagne et moi, Jusqu’à ce que seule, la montagne demeure ». Li PoRêvons d’évanescence, et attardons-nous dans la belle folie des choses. Okakura Kakuzô Le livre du thé Dans le pays où il n’y a ni soleil, ni lune, ni nuit, ni jour, j’ai aimé et j’ai médité. Sans manger, j’ai goûté la douceur du nectar ; sans eau j’ai étanché ma soif. » Kabir La flûte de l’infini » XXVII J’ai cessé de croire aux grands événements qui s’accompagnent de hurlements et de fumée. et crois-moi, je te prie, cher vacarme d’enfer, les plus grands événements, ce ne sont pas nos heures les plus bruyantes, mais les heures du plus grand silence. » Friedrich Nietzsche Ainsi parlait Zarathoustra »Jadis, si je me souviens bien, ma vie était un festin où s’ouvraient tous les coeurs, où tous les vins coulaient. » Arthur Rimbaud Une saison en enfer » Rien seulement Rien, Rien » s’élève du naufrage, Plus grand qu’un temple plus pur qu’un dieu, Rien » suffit frappant le reste d’insignifiance. Henri Michaux Moments »Les hommes qui vivent près du ciel sont chaque jour dans l’illumination. Ils vivent dans la véritable éternité qui est étendue autour de la terre. Il faut aller jusqu’à eux, monter les marches de leurs escaliers, escalader leurs échelles, jusqu’à ces places au sommet des montagnes, où il n’y a pas d’eau, pas d’herbe, pas d’ombre. Alors le ciel vide nous étreint, nous recouvre tout à fait… J. M. G. Le Clézio L’inconnu sur la terre » Soyez un nuage blanc se déplaçant dans le ciel, sans aucun but, n’allant nulle part, flottant tout simplement. Cette dérive est la floraison ultime ». Osho Au fil du Tao, la pêche de Tchouang-tseu » Je les ai vus traverser le crépuscule d’un âge, Les fils aux yeux de soleil d’une aurore merveilleuse, Les hauts créateurs au vaste front de calme, Les puissants briseurs des barrières du monde … Leurs visages portent encore la gloire de l’Immortel, Leurs voix communient encore avec la pensée de Dieu, Leurs corps s’illuminent de la beauté de l’Esprit. Porteurs du mot magique, du feu mystique, Porteurs de la coupe dionysiaque de la joie … Découvreurs des chemins solaires de la beauté, Nageurs des océans rieurs du feu de l’amour Et danseurs par les portes d’or du nectar, Leurs pas, un jour, changeront la douleur de la terre… Sri Aurobindo Savitri III, 4 Un long poème d’environ 28 000 vers Devant ma tombe, ne pleure pas ; Je n’y suis pas. Je ne dors pas. Je souffle dans le ciel tel un millier de vents, Je suis la neige aux mille diamants, Je suis la lumière du soleil sur le blé mûr, Je suis la douce pluie d’automne. Lorsque dans le calme du matin, tu t’éveilles, je suis l’envol prompt et calme Des oiseaux qui tournoient dans le ciel. Je suis l’étoile douce qui brille dans la nuit. Devant ma tombe, ne pleure pas, Je ne suis pas là . Ken Wilber Grâce et Courage » poème anonyme pour la mort de TreyaImaginez la plus belle des montagnes du monde, celle dont la forme vous plaît particulièrement. Concentrez vous sur l’image de cette montagne dans votre oeil intérieur, en observant sa structure, sa cime altière, ses versants abrupts et ses flancs en pente douce. Remarquez l’immobilité de sa masse, sa beauté unique, les qualités universelles de sa forme. votre montagne aura peut-être de la neige sur son sommet et des arbres à sa base, elle sera formée d’une seule cime proéminente, ou bien d’une série de cimes et d’un haut plateau. Quelque soit sa forme, tranquillement assis, respirez avec cette image de la montagne en vous. Quand vous serez prêt, essayez de faire entrer la montagne dans votre corps, de manière que votre corps assis là et votre vision de la montagne ne fasse plus qu’un ». Jon Kabat-Zinn Où tu vas, tu es » La grenouille est un curieux animal. Elle peut faire des bonds énormes,mais elle peut aussi rester très tranquille. Elle remarque tout ce qui se passe autour d’elle, mais elle ne réagit pas. Elle respire et se tient tranquille. Comme elle ne se laisse pas entraîner par toutes sortes d’idées lui passant par le tête, elle reste calme, elle est complétement calme pendant qu’elle respire. Son ventre gonfle et se dégonfle, il va et il vient. Ce que peut faire une grenouille, nous le pouvons aussi. La seule chose dont tu as besoin, c’est de faire attention à ta respiration. Eline Snel Calme et attentif comme une grenouille ». C’est un incroyable tableau sonore, mais ce qui résonne en celui-ci, c’est le silence, comme dans tous les tableaux de La Tour. aucune parole, aucun mouvement, aucun bruit, ni dans cette pièce , ni alentour. Nous sommes au plus profond de la nuit. Un seul dialogue, celui de l’ombre et de la lumière, de la flamme et de son reflet. La chandelle comme métaphore de la fragilité de toute vie humaine. Le reflet comme conscience de cette fragilité. Tous deux, chandelle et reflet, entourés de ténèbres. Si l’on pince la flamme entre les doigts, ténèbres partout… … Pour l’instant dépouillement, apaisement, intensité de l’instant présent. Madeleine a déposé ses mains sur le crâne. Son visage se détourne du spectateur, se détourne du monde. Que regarde-t-elle ? Le miroir ? La bougie ? Non. Madeleine ne regarde rien, ses yeux sont plongés dans le vide et le néant du mur, au dessus du miroir. Christophe André Méditer jour après jour » sur un tableau de Georges La Tour La Madeleine pénitente ». Au-dessus des étangs, au-dessus des vallées, Des montagnes, des bois, des nuages, des mers, Par delà le soleil, par-delà les éthers, Par delà les confins des sphères étoilées,Mon esprit, tu te meus avec agilité, Et, comme un bon nageur qui se pâme dans l’onde, tu sillonnes gaiement l’immensité profonde Avec une indicible et mâle volupté… » Charles Baudelaire Les fleurs du mal, Elévation » poème cité dans le livre de Fabrice Midal Etre au monde, 52 poèmes pour apprendre à méditer »Poésie méditativeLe poète est un mystique irrégulier, un étrange mystique qui parle tout en sachant que le silence est à la base de tout… Roberto JuarrozS’en aller avec la foule comme chaque matin, rouler à toute allure sur l’autoroute des désirs…Un jour, s’arrêter, changer de vitesse, se mettre au point mort », immobile sur le bas-côté,observer ce qui se passe Au coeur de la grande ville, sur la place du marché, le règne du tintamarre, alors, s’asseoir jambes croisées, les yeux fermés, pour que surgisse à l’intérieur la négation de cette folie ambiante…S’en aller très loin, courir à l’émerveillement du monde recevoir une pluie de cristal poudroyant du ciel, des gouttes de nectar plus lumineuses que rosée, se sentir fleur fragile en floraison éphémère,Devenir bientôt l’ami des arbres, se blottir tout contre leur tronc, plonger dans la terre plus profond que leurs racines, s’élancer avec leurs branches rejoindre l’azur du ciel,Observer cette couronne se déposant délicatement sur la tête, antenne transparente pour capter l’éther, rester là longtemps à la lisière de la plage, face à l’océan plein du vide luminescent, là où l’obscurité sait si bien jouer avec la lumière…Un jour, par une étrange décision tous les mots prononcés depuis le premier jour, les mettre dans un grand sac en toile de jute, et les jeter résolument au plus loin dans la le silence ondulant de nouveau à la surface des eaux…A la nage, rejoindre l’horizon, disparaître mystérieusement, dans les nuages de brume aux alentours,Au fond de ces limbes vaporeuses, envoyer des messages aux vagues de la mer, pour qu’ils s’inscrivent sur les galets de la plage…Revenir un jour dans la grande ville vorace et giratoire la caresse de la nuit berce désormais le vacarme des moteurs, au milieu de la foule, noyade dans une amphore d’amour, une grotte mystique au fin fond d’un bar,Le monde est devenu flottant même sur les trottoirs, l’esquisse d’un sourire dans le ciel d’hiver,Se cacher derrière les écrans, blaguer avec l’opérateur, mettre un grain de poussière dans la machine folle des algorithmes, souffler fort sur le cloud » menaçant du virtuel, en attendant le grand Flop », qui nous propulserait enfin dans la réalité vermeille…Découvrir émerveillé ce saut quantique décisif et aléatoire à l’intérieur de soi-même,Direction le Vide, écartelé par tous les possibles…Etre happé par la Source dans un tourbillon divinatoire,sentir l’attraction de l’Oeil impassible surveillant le grand Tout…Tentation ultime passer de l’Autre Côté, Fuite délicieuse et volatile dans l’absence…Refuser cet appel,Revenir sur la place du marché dans la cacophonie, la foule est toujours là , de bon matin, toujours pressée, toujours obscure, rien n’a au centre du cercle, là où il y a un trou de Vide à l’ jusqu’aux confins du ciel le sourire du silence, là où résonne parfois une musique venue d’Ailleurs,L’envie d’un pas de danse la fin d’un monde en dansant bacchanales de l’obsolescence déchaînée,le cycle nécessaire de Mort et Renaissance, moment décisif pour méditer encore plus fort,Refuge au coeur de soi-même, les vagues sont devenues celles de la compassion, quand l’infini berce toute chose,Etrange Renaissance dans chaque cellule du corps, la Lumière miroite joyeusement,mutation nécessaire, rire cosmique sur le champ des ruines,où repoussent déjà les fleurs…Tags ciel, meditation, poésie, sagesse, spiritualité Cette entrée a été publiée le dimanche 7 février 2016 à 19 h 00 min, et rangée dans poésie, spiritualité. 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Tucrois que tu n'as plus dans ton ardeur fébrile, Tant déjà tu nous crois ébranlés, abêtis, Qu'à dévoiler la Foi, monstrueuse et stérile, Pour nous voir sur son sein tomber anéantis. À quoi bon le nier ? dans tes sombres peintures, Oui, tout est vrai,
Elle peut nous transformer en profondeur et devenir un véritable outil de développement personnel, assure le philosophe Jacques de Coulon dans ses derniers livres. La preuve en quatre séances… poétiques. Par ses sonorités, ses rythmes, ses images, la poésie exprime l’état le plus achevé de la “maison de l’être”, affirme Jacques de Coulon. L’homme se construit et se reconstruit aussi par la poésie. Les mots bien choisis guérissent les maux. » Pour autant, le philosophe ne fait pas de la poésie le substitut magique » de la thérapie, il l’appréhende plutôt comme un outil de développement personnel. Poète, chacun l’est en puissance, assure-t-il, rappelant que le mot poésie vient du grec poiêsis, création » Pour en faire l’expérience, il suffit de choisir un poème, de le réciter à voix haute et de se laisser porter. Aussitôt, notre imaginaire compose une mélodie et un paysage singuliers. » En faisant de nous des créateurs, la poésie nous connecte à nos ressources intérieures et modifie notre regard. Et si elle n’est pas un voile d’or et d’argent destiné à camoufler les laideurs du monde, elle peut les transcender et nous rendre plus conscients. En février 2009, alors que la grève paralysait la Martinique et la Guadeloupe, neuf intellectuels antillais, dont Patrick Chamoiseau et Édouard Glissant, évoquaient non une crise économique, mais une crise poétique ». Dans ce manifeste politique écrit comme un poème, ils appelaient à mettre en oeuvre un épanouissement humain qui s’inscrit dans l’horizontale plénitude du vivant… » C’est dans cet esprit que nous vous proposons, avec Jacques de Coulon, quatre séances poétiques de développement personnel. Pour aller plus loin Jacques de Coulon est proviseur et professeur de philosophie. Il a récemment publié Soyez poète de votre vie et Exercices pratiques de poésie-thérapie tous deux aux éditions Payot. Pour vous recentrer Si la psychanalyse et la poésie ont un point commun, c’est de proposer un voyage dont nul ne peut connaître les étapes à l’avance. Quelles émotions en jailliront ? Quelles associations d’images ? Pour l’entreprendre, vous pouvez vous replonger dans un poème de votre enfance Jacques Prévert, Paul Éluard, Jules Supervielle…. En le relisant à haute voix, en laissant ses images prendre forme et sa musicalité vous envahir, sensations et souvenirs vont remonter à la surface. À la manière d’un détective ou d’un analyste, vous pouvez alors les noter, les compléter, les interroger… L’exercice Château de cartes, château de Bohême, château en Espagne, telles sont les premières stations à parcourir pour tout poète », écrit Gérard de Nerval In Petits Châteaux de Bohême - Gallimard, “Poésie”, 2005. La métaphore du château – ses dédales, ses pièces fastueuses, comme ses pièces obscures et secrètes – est souvent utilisée pour décrire le cheminement, à tâtons, de celui qui décide de remonter à la source. Pour prendre conscience de cer taines de nos prisons intérieures édifi ées dans le passé, et vous en évader, imaginez-vous dans la peau d’un pèlerin arrivant au pied d’un château, au sommet d’une montagne. Sur la plus haute tour, à la fenêtre, une femme ou un homme vous demande de la le délivrer. Visualisez prcisément cette manifestation de votre être profond ses traits, son expression, ses vêtements… Et l’ayant libérée, rédigez un dialogue entre elle et vous. Pour sortir des sentiers battus Parce qu’elle propose d’autres voies que celle de la rationalité et procède par ellipses, métaphores, associations, la poésie a le pouvoir de faire de l’espace en soi pour que puisse se déployer une façon d’être au monde plus singulière. Mais pour s’ouvrir à une dimension nouvelle et se mettre en marche, agir sur le mental ne suffit pas. Demain, dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne, je partirai » in Les Contemplations de Victor Hugo - Flammarion, “GF”, 2008, Je m’en allais, les poings dans mes poches crevées » Ma bohème, in Les Illuminations d’Arthur Rimbaud - Librio, “Poésie”, 2004. Hugo, Rimbaud… Par essence, le poète est en mouvement. Pour lui – et à l’instar des philosophes antiques qui enseignaient en marchant –, la mobilité de l’esprit est indissociable de celle du corps. L’exercice choisissez un poème qui, pour vous, représente la liberté, l’invitation au changement ou au voyage, et récitez le à haute voix en marchant. À chaque syllabe correspond un pas. Pendant l’exercice, il s’agit de relâcher les épaules, d’inspirer et d’expirer de manière confortable, et de répéter le texte plusieurs fois jusqu’à se sentir bercé, presque hypnotisé par les mots. Pour traverser les difficultés La poésie parvient à dire les états d’âme les plus noirs, que l’on peine à formuler, et cette mise en mots de l’angoisse apaise les émotions. Lire des vers comme s’il s’agissait de méditation peut être salvateur vers de Baudelaire – Sois sage, ô ma douleur, et tiens-toi plus tranquille » Recueillement, in Les Fleurs du mal - LGF, “Le Livre de poche”, 2008 – ou d’Apollinaire – Faut-il qu’il m’en souvienne/La joie venait toujours après la peine » Le Pont Mirabeau, in Alcools - Belin-Gallimard, 2009… Parce qu’elle connecte au monde des symboles et rend cocréateur d’images et de sons, la poésie pousse à redevenir pleinement acteur de sa vie. L’exercice dans sa présentation de L’Art du haïku Belfond, 2009, la journaliste Pascale Senk rappelle la recommandation du Japonais Sôseki Transformer sa colère ou ses larmes en dix-sept syllabes. » Si vous n’en écrivez pas vous-même, vous pouvez toujours réciter un haïku, tel un mantra, l’un du poète Hosai par exemple – Ce coeur/qui réclame ceci ou cela/dans la mer je relâche » In Dans la boîte à clous tous les clous sont tordus d’Ozaki Hosai - Moundarren, 1997. Magie incantatoire des mots qui, répétés en conscience, modèlent nos pensées comme de la glaise. Pour enrichir votre quotidien Dans l’une des lettres qu’il adressait au jeune Franz Xaver Kappus, Rainer Maria Rilke écrivait Si votre quotidien vous paraît pauvre, ne l’accusez pas. Accusez-vous vous-même de ne pas être assez poète pour appeler à vous ses richesses. » In Lettres à un jeune poète de Rainer Maria Rilke - LGF, “Le Livre de poche”, 2007. Le monde parle à celui qui fait halte pour l’écouter, tous sens déployés. On peut lire René Char pour se sentir moins à l’étroit dans le monde de la logique comptable, Emily Brontë pour vibrer à l’unisson des grands romantiques. Il est aussi possible de s’offrir des occasions de vivre en poète au quotidien faire l’expérience de la solitude, rêver, traîner au lieu d’agir et de produire… L’exercice vous pouvez créer votre poème en suivant les cinq conseils de Rilke – rentrer en soi, observer son environnement comme si on le découvrait, faire silence, laisser émerger les images et les suivre, et se laisser porter par son propre rythme pour s’exprimer. La poésie s’adresse au coeur de l’être, à sa singularité, elle peut le révéler et le libérer. C’est en cela qu’elle est revitalisante et… subversive ! Témoignages de poètes Sabine, 32 ans, décoratrice C’est ma pratique spirituelle » Une dizaine de poèmes, découverts à l’école, me reviennent dans des situations très précises. Si je marche en montagne ou sur une plage, Baudelaire “La Nature est un temple où de vivants piliers…” vient nourrir mon sentiment de plénitude; quand je me sens fragile, Nietzsche me redonne confiance “Car je suis flamme assurément!” ; et dans les moments difficiles, réciter Aragon en boucle “Donne-moi tes mains pour l’inquiétude…” m’apaise par l’effort de mémoire que cela exige, par le rythme qui peu à peu me berce et me fait entrevoir autre chose que ce que je suis en train d’affronter. Je vis la poésie comme une pratique spirituelle – la seule qui me touche. » Fabien, 46 ans, menuisier J’écris depuis toujours des poèmes que je ne montrerai jamais » J’ai commencé à écrire de la poésie en seconde, suite à une rupture amoureuse très douloureuse. Pendant des nuits et des nuits, j’ai ciselé mon texte pour en faire une sorte de boîte qui contiendrait mon histoire, mes sentiments, mon désespoir. Quand j’y suis arrivé, au bout d’une quinzaine de jours, j’allais déjà mieux, c’est comme si le poème était devenu vivant, qu’il portait la douleur à ma place. J’ai vraiment eu l’impression de faire de la magie ! Depuis, je n’ai plus arrêté d’écrire. C’est irrégulier, mais je reprends toujours la plume. Sur un carnet qui ne me quitte pas, j’écris quelques mots, un texte plus long, c’est très variable. Ces poèmes, c’est ce que j’ai de plus intime, je ne les ai jamais montrés à personne, c’est une part de moi que je garde secrète, c’est ma force. »
Unedéfinition de base du motif. Dans la poésie et la littérature, un motif est une image ou un thème récurrents qui apparaît tout au long de l’œuvre pour renforcer un sens central plus profond. Cette récurrence est ce qui distingue un motif des autres artifices littéraires. Si l’auteur ne cesse de faire référence à une image
J’ai voulu vous montrer d’abord par quel miracle l’art des vers réalise pleinement et fixe éternellement cette aspiration sublime de l’âme humaine, la Poésie. Bientôt je commencerai, de cet art, à vous enseigner les règles certaines et précises, tout en essayant de vous communiquer en chemin, par la beauté des exemples, l’instinct des lois mystérieuses qui ne peuvent être réduites en formules et en préceptes. Aujourd’hui, laissez-moi vous dire pourquoi j’ai entrepris cet ouvrage, et ce que j’en attends pour vous tous qui le lirez, si vous voulez bien le lire avec l’attention, avec la piété que je saurai mettre à l’écrire. J’en attends pour vous, ô mes chers lecteurs, et, par surcroît, pour moi-même, un élargissement et un ennoblissement, une consolation, une pacification, une illumination de tous les jours de la vie. En quelque obscurité de condition que le hasard vous ait fait naître, à quelque médiocrité de fortune que vous vous trouviez attachés, je vous promets, — si, par l’initiation à leur art, vous arrivez à comprendre, à pénétrer, à vous assimiler pleinement le génie des poètes, — je vous promets de vous ouvrir des sources de joie, grâce auxquelles plus d’un éclat vous paraîtra pâle et plus d’une grandeur petite. Car, en étant à même de communier ainsi avec les poètes, vous aurez atteint, vous aurez égalé la vie supérieure que les plus nobles esprits et les plus grands cœurs de tous les siècles auront vécue aux heures les plus hautes et les plus généreuses de leur passage parmi les hommes. Écoutez Lamartine, à la huitième vision de la Chute d’un Ange Il est, parmi les fils les plus doux de la femme,Des hommes dont les sens obscurcissent moins l’âme,Dont le cœur est mobile et profond comme l’eau,Dont le moindre contact fait frissonner la peau,Dont la pensée, en proie à de sacrés délires,S’ébranle au doigt divin, chante comme des lyres,Mélodieux échos semés dans l’universPour comprendre sa langue et noter ses concerts…Ceux-là , fuyant la foule et cherchant les retraites,Ont avec le désert des amitiés secrètes ;Sur les grèves des flots en égarant leurs pas,Ils entendent des voix que nous n’entendons pas Ils savent ce que dit l’étoile dans sa course,La foudre au firmament, le rocher à sa source,La vague au sable d’or qui semble l’assoupir,Le bulbul à l’aurore et le cœur au soupir. Les cornes des béliers rayonnent sur leurs têtes. Écoutez-les prier, car ils sont vos prophètes Sur l’écorce, ou la pierre, ou l’airain, écrivezLeurs hymnes les plus saints pour l’avenir gravés ;Chargez-en des enfants la mémoire fragile,Comme d’un vase neuf on parfume l’argile ;Et que le jour qui meurt dise aux jours remontantsLe cri de tous les jours, la voix de tous les temps !C’est ainsi que de Dieu l’invisible statue,De force et de grandeur et d’amour revêtuePar tous ces ouvriers dont l’esprit est la main,Grandira d’âge en âge aux yeux du genre humain,Et que la terre, enfin, dans son divin langage,De pensée en pensée achèvera l’image ! Oui, voilà bien à quelle plénitude de vie vous vous trouverez associés par le commerce intime avec les poètes. Au milieu de ces vers admirables, il en est un, bien simple, que je n’ai pu transcrire sans que de chers souvenirs me remontassent au cœur, c’est celui-ci Chargez-en des enfants la mémoire fragile ! Et ce qu’il me rappelle, c’est l’éveil en moi du sens poétique, c’est la révélation de la Poésie telle qu’elle me fut faite, en mon plus jeune âge, sur les genoux maternels. Et j’ai tant dû à cette initiation première qu’en essayant d’initier autrui à tout ce que contient le langage des vers, il me semblera que c’est une dette que je paye. Oh ! le Petit oreiller » de la tendre Marceline Desbordes-Valmore !… Cher petit oreiller, doux et chaud sous ma tête,Plein de plume choisie, et blanc, et fait pour moi,Quand on a peur du vent, des loups, de la tempête,Cher petit oreiller, que je dors bien sur toi ! … Que de fois il fallut que ma mère me les répétât, ces doux vers, jusqu’à la prière finale Donne à l’enfant perdu, que sa mère abandonne,Un petit oreiller qui le fera dormir ! Et lorsque je les sus par cœur, ce me fut encore une récompense que de les lui entendre redire, si j’avais été sage. Et ce fut la clé d’or qui m’ouvrit à jamais la porte des rêves. A présent, Corneille peut venir, avec le Cid, soulever d’enthousiasme héroïque le petit collégien qui pleurait de tristesse derrière les barreaux de sa prison. Et vous pourrez lui donner bientôt les Méditations de Lamartine ; il les cachera, comme un trésor volé, dans le fond de son pupitre, d’où il les tirera, vingt fois par jour, pour les lire, relire et apprendre, pour transformer en mélancolie délicieuse et consolée sa morne détresse de tout à l’heure. Et quand il sera devenu un homme, — et ici je ne parle plus de moi, mais de vous peut-être, — quand il se demandera comment il a échappé à certaines souillures, protégé contre les vents mauvais la pure flamme de l’amour, élevé dans son cœur un autel à la pitié, gardé l’espérance, évité un peu de mal, fait un peu de bien, il vous dira qu’il le doit surtout aux poètes. Les autres enseignent, mais l’oreille peut les entendre sans que l’esprit les écoute et que le cœur les croie eux, les poètes, par le magique pouvoir du rythme, ils appellent, ils retiennent, ils insinuent, ils pénètrent. Comme une religion par le moyen des mythes, la Poésie prend des idées et les transforme en sentiments par le moyen des images, lesquelles sont des actions commencées, comme les actions sont des images réalisées ; car, entre l’idée pure et l’action, il y a un abîme que l’ébranlement de la sensibilité peut combler seul. Et c’est pourquoi la Poésie, souveraine maîtresse des images, est, pour ceux qui la comprennent et qui l’aiment, la souveraine maîtresse de la vie intérieure, prête à se réaliser en actes. Les anciens le connaissaient bien, le pouvoir éducatif et comme religieux de la Poésie. Rappelez-vous ce que dit Platon au troisième livre de sa République, où, selon l’habitude des Grecs, il appelle musique » la réunion de tous les arts du rythme poésie, musique et danse La musique est la partie principale de l’éducation, parce que le nombre et l’harmonie s’introduisant de bonne heure dans l’âme du jeune homme, s’en emparant, y font entrer à leur suite la grâce, la beauté et la vertu. Et cela, dès l’âge le plus tendre, avant que d’être éclairé des lumières de la raison ; et, quand la raison sera venue, il s’attachera à elle aussitôt par le rapport secret que cet art aura mis entre la raison et lui. » Et Pindare a dit en une de ses odes La Poésie fait la paix dans le cœur de l’homme et dans le monde. Elle désarme Arès et éteint le feu du ciel ; elle endort l’aigle même sur l’égide de Zeus, que baigne un nuage d’harmonie. » Magnifique image de cette vertu pacifiante de la Poésie qui fait de l’amour jusques avec de la haine, et du calme jusques avec de la colère, en les ordonnant par la vertu d’une harmonieuse cadence. Et c’est encore un parfait symbole de la Poésie éducatrice et pacifiante, que ce temple d’Éphèse évoqué par Victor Hugo dans son poème des Sept Merveilles du Monde Moi, le temple, je suis législateur d’Éphèse ;Le peuple, en me voyant, comprend l’ordre et s’apaise ;Mes degrés sont les mots d’un code ; mon frontonPense comme Thalès, parle comme Platon ;Mon portique serein, pour l’âme qui sait lire,A la vibration pensive d’une lyre ;Mon péristyle semble un précepte des cieux ;Toute loi vraie étant un rythme harmonieux,Nul homme ne me voit sans qu’un dieu l’avertisse ;Mon austère équilibre enseigne la justice ;Je suis la vérité bâtie en marbre blanc ;Le beau, c’est, ô mortels, le vrai plus ressemblant ;Venez donc à moi, foule, et, sur mes saintes marches,Mêlez vos cœurs, jetez vos lois, posez vos arches Hommes, devenez tous frères en admirant !… Dans ces vers profonds et superbes, le beau n’est pas seulement devenu le vrai, il est devenu le bien ; il s’est transmué en justice, en fraternité, en amour. Oui, les chefs-d’œuvre sont les vrais éducateurs des peuples ; leurs plus vrais législateurs, ce sont, et surtout ce devraient être leurs poètes, en qui l’on retrouverait, tout le reste fût-il détruit, l’essentiel de ce qui aurait été pensé, senti, voulu, agi par la race. Toute la Grèce est dans Homère ; Dante et Pétrarque ont fait l’Italie ; et quant à Shakespeare, écoutez ce qu’en dit le grand Anglais Carlyle Si l’on nous demandait Voulez-vous abandonner votre empire indien où votre Shakespeare ? », réellement ce serait une grave question. Des personnages officiels répondraient sans doute en langage officiel ; mais nous, pour notre part, ne serions-nous pas forcés de répondre Empire indien ou pas d’empire indien, nous ne pouvons faire sans Shakespeare. L’empire indien s’en ira, en tout cas, quelque jour ; mais ce Shakespeare ne s’en va pas, il dure à jamais pour nous ; nous ne pouvons abandonner notre Shakespeare… Nous pouvons l’imaginer comme rayonnant en haut sur toutes les nations d’Anglais dans mille ans d’ici. De Paramatta, de New-York, en quelque lieu que soient des hommes anglais et des femmes anglaises, ils se diront les uns aux autres Oui, ce Shakespeare est à nous ; nous l’avons produit, nous parlons et pensons par lui… » Oui, vraiment, c’est une grande chose, pour une nation, que d’arriver à avoir une voix articulée, que de produire un homme qui exprimera mélodieusement ce que son cœur à elle pensea. » Eh bien ! nous aussi nous les avons, nos Homère, nos Dante, nos Pétrarque et nos Shakespeare, qui expriment et qui exaltent mélodieusement » le génie particulier de notre race, qui sont notre lien national et qui, de plus, par un rare privilège, sont plus qu’aucuns poètes du monde les miroirs de l’homme universel et les annonciateurs de l’humanité future. Or, quel culte leur vouons-nous ? Hélas ! … Il n’est pas d’humble fraülein » qui, en quittant l’Allemagne pour aller servir, n’emporte dans sa malle l’Hermann et Dorothée de Goethe, ou les poésies de Schiller. Il n’est presque pas de maison anglaise où il n’y ait un Shakespeare ; et plus d’une pauvre miss », venue en France pour élever nos enfants, rouvre chaque soir son Tennyson, et, par les Idylles du Roi ou la Princesse, reste en communication consolante avec l’âme de sa patrie, et avec un peu d’idéal. Connaissons-nous bien, nous qui avons étudié, qui sommes des savants presque, tout ce que renferme de consolation et de joie, d’héroïsme et d’amour, le trésor de Corneille et de Racine, d’André Chénier, de Lamartine et de Victor Hugo, sans vouloir parler des vivants ? Dans combien de bibliothèques bourgeoises ne chercherait-on pas en vain un Alfred de Musset, un Leconte de Lisle, un Sully Prudhomme ? Il est des villes entières où l’on ne trouverait pas un seul volume des poètes modernes, à côté des vieux classiques jamais rouverts depuis le collège… Quant au peuple, il ne sait même pas les noms des uns ni des autres ! Et pourtant, on lit… Mais que lit-on, pour que l’obscénité monte, pour que la haine grandisse, pour que la volonté se dissolve, pour que la notion de l’amour se déprave, pour que le sens du bien et du mal aille en s’émoussant ? Nul recours que dans les poètes, en qui, pendant des siècles, se sont concentrées les tendresses, les puretés, les énergies, les espérances de notre race, avec le pouvoir de les répandre, au moindre appel, sur la multitude des âmes. Eh bien ! cette vertu de concentration et ce pouvoir d’expansion, la Poésie le doit à ces lois magiques, à cet art des vers sans la connaissance duquel les vers ne sont que des lignes inégales et vaguement sonores. Pour qui ne connaît point cet art, les vers semblent même, ô erreur ! avoir entravé la pensée ; pour qui le connaît, au contraire, ils l’ont délivrée, ils ont — et ils le pouvaient seuls — ouvert à son libre vol les perspectives infinies. Apprenons ensemble l’art des vers. Le chemin que nous aurons à suivre sera quelquefois aride ; mais vous savez, à présent, à quels jardins enchantés il peut nous conduire partons. ❦
XusoK. wyjj6t2yhn.pages.dev/100wyjj6t2yhn.pages.dev/83wyjj6t2yhn.pages.dev/160wyjj6t2yhn.pages.dev/42wyjj6t2yhn.pages.dev/194wyjj6t2yhn.pages.dev/211wyjj6t2yhn.pages.dev/297wyjj6t2yhn.pages.dev/122wyjj6t2yhn.pages.dev/283
poésie prends la vie dans le bon sens